Des nouvelles de Bénédicte Martin : Une délicate, scandaleuse malgré elle… (nouveau recueil: : « Perspectives de paradis »)

Pour certains (qui n’ont souvent jamais lu une ligne d’elle), elle se réduit à un « coup marketing » et à un sacrilège (une petite culotte à demi-dévoilée avec humour sur la couverture de son premier livre « Warm-up »). Pour d’autres, heureusement plus nombreux (mais plus discrets), elle incarne une certaine fraîcheur et audace. Une nouvelle féminité à la fois piquante, sucrée et pétillante à l’image de son écriture. « La plume de Bénédicte Martin est ronde, croquante et bien loin de la littérature ‘trash’, genre porno un peu graveleux et sans intérêt », la décrivait très justement la blogueuse littéraire Clarabel. Trois ans après son premier opus (pour lequel elle a obtenu le prix Contrepoint de Littérature Française 2004) et la polémique qui s’ensuivit, beaucoup se demandaient ce que devenait la jeune écrivain. On lui connaissait un nouveau rôle sur TPS Star, celui d’animatrice de l’émission « En attendant minuit », succédant ainsi à Claire Castillon, mais la belle aux yeux d’amande restait très discrète, n’accordant que peu d’interviews. Buzz littéraire est partie à sa rencontre. Une jolie rencontre…

C’est dans un petit café équitable de son quartier à Montmartre que le rendez-vous fut pris au mois de juin dernier. Au premier regard ce sont immédiatement le charme et l’intelligence qui se dégagent de cette jeune parisienne tout en finesse et naturel, à mi-chemin entre la séductrice et la femme-enfant. A mille lieux de l’image sulfureuse ou racoleuse projetée par les médias. Et c’est même avec une certaine timidité et réserve qu’elle répond à vos questions, ce qui la rend d’autant plus touchante.

>Très jeune au moment de la sortie de Warm-up (25 ans), elle a rapidement été dépassée par l’ampleur prise par la polémique axée sur ce qui aurait dû être pris comme un clin d’oeil ludique (sa fameuse couverture) et qui a au contraire déchaîné une fureur de puritanisme à l’américaine ! Alors totalement novice avec la presse, elle ne se méfie pas, se livre trop et subit des interprétations hâtives sur son travail et sa vie privée. « L’amalgame a vite été fait entre ce que je suis et ce que j’écris« , déplore-t’-elle.

Alors elle s’isole du tapage médiatique, des mondanités de Saint Germain des prés, de son café de Flore et même de ce monde noctambule qu’elle aimait par le passé. Elle n’a en revanche jamais cessé d’écrire, sa passion depuis toujours. Mais aussi à lire : Apollinaire, Colette, Eluard, Anaïs Nin, ses auteurs fétiches.
Cette passionnée de poésie n’a heureusement pas abandonné sa vocation !
C’est sur un nouveau recueil qu’elle a donc travaillé ces derniers mois. Date de sortie prévue : octobre 2006, toujours chez Flammarion. Tout en poursuivant sa collaboration à la revue littéraire Bordel dont elle est une fidèle de la première heure. Elle rêve aussi d’écrire un recueil de poèmes, un genre tombé en désuétude regrette-t’-elle. Et cette fois-ci rien d’érotique à l’horizon, précise l’auteure qui a souffert d’être classée en « littérature de genre » ce qui l’a ghettoïsée. Elle s’est même interdite l’emploi de certains mots à connotation trop directes même si l’amour et la sensualité habitent toujours ses textes. « Je ne veux pas fournir des occasions trop faciles pour détruire mon travail, souffle t’-elle prudente. Un style plus retenu et plus pudique donc pour d’éviter de nouvelles foudres mais sans y perdre son âme. La couverture du livre répondant au doux nom de « Perspectives de paradis« , sera elle aussi plus « classique et conforme ».
Au menu : 25 nouvelles qui abordent l’amour, la vie, le couple, la mort. 25 nouvelles qui s’attardent sur les moments de grâce. « Elles sont légèrement fantastiques et un peu humoristiques », précise-t’-elle.

De son expérience audiovisuelle sur TPS Star (photo ci-contre), elle garde un bon souvenir. « J’ai appris d’autres façons d’écrire« , constate-t’-elle après être arrivée par hasard sur l’émission, à la suite d’un appel du producteur. Elle rédigeait en effet tous ses lancements, en essayant d’y apporter une touche culturelle ce qui relevait parfois du vrai défi en particulier sur des sujets tels que les maisons closes en Russie ou encore des portraits d’actrices du X… J’essayais de trouver des angles inédits ou amusants comme une description onirique pour introduire un reportage sur la « Porn Valley ». Elle détourne et s’applique à trouver des formules baroques ou raffinées. Les téléspectateurs sont conquis par sa malice et son inventivité même si elle estime qu’elle a encore trop de « tics » à l’écran ! Aujourd’hui elle explore aussi des idées de concepts de pastilles (petits programme courts pour la TV).

Pour autant il n’y aura pas de saison 2 sur TPS Star car la jeune femme souhaite se concentrer sur l’écriture, elle a déjà l’idée d’un nouveau roman ! « La télé mobilise beaucoup de temps et beaucoup d’énergie, réalise t’-elle. Par ailleurs, un auteur a un univers, un style a contrario de l’animatrice qui doit se conformer à la chaine et à un programme. » Si l’expérience TV devait se renouveler, elle privilégierait des émissions plus culturelles et respectueuses de la femme. Et puis, avoue-t’-elle « la tonne de maquillage, les poses télévisuelles et les robes de poupées », ce n’est pas vraiment son truc. « Je retourne avec plaisir à mes ongles rongés, mes lunettes et mon écran d’ordi à temps plein ! », conclut-elle avec le sourire.
Un talent à suivre de près !

Plus d’articles/interview sur Bénédicte Martin:

Critique féministe de l’essai « La femme » de Bénédicte Martin, paru en 2014: De la Femme, Du Féminisme, De Bénédicte Martin, de Nabilla, d’Eve et Pandora…

la critique de « Warm up » de Bénédicte Martin , son premier recueil de nouvelles ayant fait scandale

La critique du deuxième recueil de nouvelles de Bénédicte Martin: « Perspectives de paradis », Instantanés de féminité, sensoriels et poétiques

Interview 2012 de Bénédicte Martin (« Quelqu’un quelque part est foutu ») : « J’ai été animée par une rage qui efface la joliesse de mes premiers écrits patinés par le marketeur Beigbeder… »

Extrait de la chronique de la blogueuse Clarabel (sur Warm up): « Bénédicte Martin parle des coquines, une race épatante qui vous donne le tournis, vous fait envie et sourire. Elles sont juchées sur des talons aiguilles, ont du rouge aux lèvres et sur les ongles, et sont souvent affublées de petites robes virevoltantes. Effrontées, étourdies, sans-gênes et audacieuses, elles nous font rosir de plaisir ! Vraiment, ce petit livre est frais, guilleret et délicieux »

A conseiller également si vous avez aimé Warm-up : le roman graphique d’Aurélia Aurita : Fraise et chocolat.

4 Commentaires

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    • gadrel sur 9 septembre 2006 à 22 h 32 min
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    Juste une remarque en passant : on écrit "dit-elle", "écrit-elle", "aime-t-elle", "joue-t-il", "faisons-nous", "plaît-il ?", etc.

    En cas d’inversion verbe-sujet, on met un trait d’union entre le verbe, le pronom et l’éventuel "t". Il n’y a aucune exception à cette règle. Le seul moment où l’on met une apostrophe, c’est lorsqu’on utilise le pronom adverbial "en", comme dans "tape-m’en cinq" (remarque d’ailleurs qu’il y a un trait d’union entre le verbe et le pronom personnel "me", ici élidé en " m’ ").

    Je le dis parce que la faute est énervante à la fin. A part cela, excellent site !

  1. warm up m’avait agréablement surpris…et je la trouve sympathique Bénédicte…merci Buzz de parler d’elle…

  2. Quelle bonne surprise ! 25 nouvelles qui abordent l’amour, la vie, le couple, la mort. 25 nouvelles qui s’attardent sur les moments de grâce…
    Tout un programme ! Je serai, bien entendu, au rendez-vous le jour de sa sortie ! 😉
    (Merci de m’avoir citée, en passant…)

  3. Merci, c’est chouette si le portrait vous a intéressé. Nous avions en effet reçu beaucoup de demandes sur cette jeune auteur ces derniers mois donc son actualité littéraire était l’occasion de prendre de ses nouvelles !

    Merci Gadrel de tes corrections qui ont été intégrées (restent encore peut-être quelques unes…, que tu nous excuseras 🙂

    De rien Clarabel, ta critique est une des plus justes parue sur le livre.

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