Romans dystopies, satire et thrillers

Romans dystopie, anticipation ou thriller psychologique : le meilleur des romans qui anticipent les évolutions de nos sociétés et/ou dénoncent ses dérives : du consumérisme extrême à la désintégration familiale en passant par le totalitarisme, l’idiotie moderne et postmoderne, les manipulations marketing, les nouvelles technologies ou l'aliénation bureaucratique...

« The Hunger Games » de Suzanne Collins : Au commencement était la faim…

Alors que sort sur grand écran, l’adaptation du 2e tome de la saga « Hunger Games » de Suzanne Collins (« Catching Fire » > « L’embrasement » en VF), revenons sur ce roman culte : Dénoncer les dérives (et dangers) de la téléréalité, le sujet aurait pu sembler rebattu tant il y avait déjà eu de dystopies ou d’articles sur …

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Chroniques martiennes de Ray Bradbury: Fragments de la vie des gens… sur Mars

>Chroniques martiennes(The martian chronicles) de Ray Bradbury ont été écrites dans les années 40, à la vingtaine, sous forme de nouvelles publiées dans divers fanzines (« Planet Stories », « Thrilling Wonder »…). Réunies et éditées en recueil en 1950, sous le titre « The Martian Chronicles », elles sont devenues depuis un classique culte (étudié à l’école aux US).

Total recall (Souvenirs à vendre) de Philip K.Dick, « Moins nous tripatouillerons dans sa tête, mieux je me porterai. »

Total recall (Souvenirs à vendre) de Philip K.Dick: outre sa quarantaine de romans, Philip K Dick a écrit environ 121 nouvelles au cours de sa prolifique vie d’écrivain. « We can remember for you Wholesale » (rebaptisé « Total recall ») arrive en milieu de carrière, en 1966, initialement publiée dans « The Magazine of Fantasy & Science Fiction ». Cette nouvelle a été réunie dans un recueil en poche chez Folio Bilingue avec « Minority report ». Dans cette courte nouvelle, Philip K. Dick explore encore une fois la frontière floue et mouvante entre réalité et illusion, vérité et mensonge en choisissant cette-fois comme angle de perception : la mémoire.

« Un goût de rouille et d’os » de Craig Davidson, des nouvelles bien frappées aux accents Palahniukiens (adaptation ciné Audiard, mai 2012)

Alors que Jacques Audiard adapte le premier recueil de nouvelles « Un goût de rouille et d’os » de Craig Davidson, qui marche dans les pas de Chuck Palahniuk. Ce solide gaillard de 29 ans originaire de Toronto et exilé dans l’Iowa (où il a suivi un atelier d’écriture), à la fougue encore adolescente, s’annonce, non pas être son digne successeur (l’aîné est loin de prendre sa retraite fort heureusement !) mais son disciple talentueux, avec sa touche propre.

Dune de Franck Herbert : « Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit »

Ecrit en 1962 et fruit de sept années de recherche, « Le maître du haut château » est le neuvième roman de Philip K Dick. Couronné du prestigieux prix Hugo (SF), c’est le roman qui lui apportera une plus large reconnaissance et lui ouvrira la voie vers le succès. Ridley Scott vient d’ailleurs de s’en emparer pour produire une mini-série de quatre épisodes pour la BBC1 au sujet duquel il disait : « He is the master of creating worlds which not only spark the imagination, but offer deeper commentary on the human condition ». Fruit d’un meting-pot d’inspirations et d’expériences du moment de l’écrivain…

« Le couperet » de Donald Westlake : « Les PDG et les actionnaires sont l’ennemi mais ils ne sont pas le problème. »

« Le couperet », 27e roman de Donald Westlake, prolifique maître du roman noir occupe aussi une place à part dans sa bibliographie. En s’attaquant au problème du chômagedans l’Amérique des années 90, la critique sociale d’un monde tourné uniquement vers le profit domine.

« Blade runner » de Philip K. Dick : « C’est le fondement de la vie : avoir à violer sa propre identité. »

« Blade Runner » de Philip K. Dick s’apprête à connaître une nouvelle vie alors que la société de production de Warner Bros (Alcon Entertainment) vient de racheter les droits de préquels et séquels (un remake étant interdit) du célèbre film. Ce dernier, réalisé en 1982 par Ridley Scott ((avec Harrison Ford dans le rôle titre), occultait, d’ailleurs, de nombreuses facettes du livre pour le réduire à « la chasse aux androïdes » façon film de flic…).

La série Wilt de Tom Sharpe: Aventures rocambolesques et satire socio-politique anglaise

Tom Sharpe, trublion des lettres britanniques a connu le succès avec sa série Wilt (qui demeure sa plus belle réussite à ce jour) et plus particulièrement son tome 1 paru en 1976 : « Comment se sortir d’une poupée gonflable et de beaucoup d’autres ennuis« . Le titre donne immédiatement le ton: celui de la franche gaudriole qui ne l’empêche pas de brocarder les mœurs de l’époque, celle des seventies et de la libération sexuelle ou encore le milieu scolaire, la bureaucratie, l’industrie ou les services de police stupides…

« L’homme qui voulait vivre sa vie » de Douglas Kennedy : « Lorsqu’on efface entièrement l’ardoise, qu’est-ce qu’on obtient ? La liberté. L’existence, délivrée de tout… »

« L’Homme qui voulait vivre sa vie », deuxième roman de Douglas Kennedy, publié en 1997, s’inscrit dans la droite lignée du premier (« Cul de Sac », republié en 2008 sous le titre « Piège nuptial »). Ce thriller psychologique reprend en effet la thématique chère à l’auteur : comment une vie peut basculer en un instant et changer du tout au tout. L’histoire d’un homme qui veut changer de vie et surtout reprendre sa liberté. Brodant sur le désormais classique « blues du businessman qui aurait voulu être un artiste » sur fond d’american dream et de banlieue consumériste étriquée, le roi du page-turner compose une histoire à rebondissements servie par son sens de la formule percutante.

« Et je t’emmène » de Niccolo Ammaniti, nouvelle génération italienne entre Bret Easton Ellis et Chuck Palahniuk

« Et je t’emmène » de Niccolo Ammaniti, troisième opus (après notamment un excellent recueil de nouvelles « Dernier réveillon » dont l’une a été adaptée avec Monica Bellucci) paru en 2001 n’est pas encore le roman de la consécration pour ce jeune auteur italien assimilé à ses débuts au courant « Cannibale » en Italie (la nouvelle génération littéraire qui rompt avec l’académisme et introduit une langue moderne et « sanguine », nourrie de pop culture et assez décriée dans les années 90), traduit aujourd’hui dans une trentaine de langues. Riche en rebondissements et personnages hauts en couleurs aussi grinçants que cocasses, il est pourtant remarquablement construit.

Je suis une légende de Richard Matheson : « A présent, c’est moi le monstre… »

« Je suis une légende », bien avant « La route » de Cormac Mc Carthy, Richard Matheson, célèbre auteur (et scénariste) américain de science fiction à l’origine journaliste, publiait en 1954 -en pleine guerre froide-, à l’âge de 28 ans, l’un de ses romans culte aux côtés de « L’homme qui rétrécit », adapté au cinéma à 3 reprises (voir ci-dessous*). Précurseur du genre « apocalyptique », Matheson préfigurait tout un pan de l’univers de la SF contemporaine (paysages urbains ravagés, épidémie meurtrière, humanité en déroute…). Cristallisant les craintes de son époque (le clivage Est-Ouest et la peur du nucléaire, les armes bactériologiques et la perte de la foi), il trouve plus que jamais écho aujourd’hui, en cette ère de guerre contre le terrorisme et de dérèglement climatique.

« Ecrits fantômes » et « Cartographie des nuages » de David Mitchell : nouvelle génération anglo-saxonne

C’est en 2004, que l’anglais (et cosmopolite) David Mitchell, sélectionné en 2003 par le journal Granta comme l’un des meilleurs jeunes romanciers, est révélé en France avec la traduction d’Ecrits fantôme et consacré en 2007 avec Cartographie des nuages. Il est alors propulsé, aux côtés d’auteurs comme Mark Z. Danielewski ou James Flint comme représentant du renouveau de la littérature anglo-saxonne. Avec ses deux premiers livres, il impressionne avec une littérature transgenre (de la SF au fantastique en passant par l’historique) presque expérimentale. Entre la fresque romanesque et le recueil polyphonique, ils explorent de nouvelles formes narratives (notamment l’intertextualité et l’interconnexion de faits dans le temps et l’espace…) et des jeux sur le langage, les registres…, pour raconter (le déclin de) l’humanité à travers les âges et le monde. Son dernier paru en 2009, Le fond des forêts, récit initiatique tranche par sa forme intimiste à tendance autobiographique :

La route de Cormac McCarthy, « Marchant sur le monde mort comme des rats tournant sur une roue »

« La route » de Cormac McCarthy lui a valu le prix Pulitzer 2007. Estampillé officiellement « Géant des lettres américaines » (aux côtés des Norman Mailer, Philipe Roth, Don DeLillo et autre Thomas Pynchon…), et McCarthy est renommé pour ses romans à la métaphysique âpre et sombre sur une humanité maudite, vouée à l’errance et à l’exil. Un auteur tellement encensé que l’on ose plus vraiment formuler de critiques autres que laudatives… Un petit tour des blogs nous donne déjà un aperçu des louanges chantées sur tous les tons de son dernier roman : « une fable biblique et brûlante qui vous dévaste » (plus glaçante que brûlante d’ailleurs au passage !), « la chronique extrêmement poignante d’un après pulvérisé et sauvage », « ce lent et inéluctable naufrage, d’une froideur absolue, totalement dédramatisé », « un récit crépusculaire impressionnant de justesse », « une expérience terrifiante, époustouflante, foudroyante, hors du commun…

« Piège nuptial » (Cul de sac) de Douglas Kennedy: « Non, le destin n’est pas cruel. Il est bête à pleurer. »

« Piège nuptial » (Cul de sac) de Douglas Kennedy, est un best-seller idéals pour la plage. Ce premier roman de l’auteur de l’homme qui voulait vivre sa vie (après 3 récits de voyage) est aussi l’un de ses livres culte. Mais qu’on se le dise, dans les romans de Douglas Kennedy quand il fait chaud, c’est une « chaleur de four » et quand un type est maigre c’est « comme un clou ». Bref ce n’est pas pour son style riche et original qu’on trouvera de l’intérêt à « Piège nuptial » et sa nouvelle traduction (fin 2008, après une première publication en 1997, sous le titre de « Cul de sac », « The dead heart » en VO) n’y change pas grand-chose… Néanmoins, on n’enlèvera pas à ce faux polar (l’auteur précise que ce n’en est pas un) en forme de cauchemar déjanté, son rythme alerte et vivant.

Entretien avec un vampire d’Anne Rice: La volupté du sang

Grand succès des années 80, « Entretien avec un vampire » d’Anne Rice est le roman qui a révélé l’auteur américaine originaire de La Nouvelle-Orléans, estampillée gothique ou fantastique. Et dépoussiéré la figure du vampire, avant que Stephenie Meyer ne s’en empare ! Premier opus de sa série « Les Chronique des Vampires », il est considéré comme l’un des plus intéressants et introduit ses personnages les plus emblématiques : Lestat, Louis, Armand et bien sûr Claudia, la première enfant-vampire, aussi innocente que cruelle. Cette dernière est inspirée par la fillette de l’écrivain (Michèle, décédée en 1972 à l’âge de 6 ans d’une leucémie). « Entretien avec un vampire » était à l’origine une nouvelle.

Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme de Cormac McCarthy

Avec Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, Cormac McCarthy lâche un peu le western pour le roman dense et noir. Mais à travers l’histoire banale d’un homme qui tombe sur un paquet de dollars et d’emmerdes, il décrit toujours de manière impitoyable les territoires américains désolés et oubliés de Dieu.

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« Code source » de William Gibson: Guerre de renseignements parano post-11 septembre

Avec Code Source, le chef de file du cyberpunk William Gibson s’éloigne du futur pour décrypter notre passé proche, sur fond de paranoïa, de technologies de surveillance, d’art cybernétique et de conflit global. Un thriller éminemment politique et un texte philosophique à la fois snob, drôle et inquiétant.

« Libre échange » 2e roman de Bernard Mourad, Entre « Vis ma vie » et « Second life »…

Après Lolita Pille et son « Crépuscule Ville », un autre roman, « Libre échange » signé de Bernard Mourad, tente à nouveau le genre de l’anticipation. A l’image de cette première, il aborde aussi la question du suicide et fait référence à Melville (Pille citait « Moby Dick », il cite « Bartleby »). La comparaison s’arrêtera ici. Deux ans après son premier roman très réussi « Les actifs corporels », le jeune auteur (toujours vice président du département « Investment Banking » chez Morgan Stanley à ses heures perdues… ou l’inverse !) revient avec ce deuxième opus qui s’inscrit dans la droite lignée du premier dont il semble être, non pas une prolongation, mais un frère, une nouvelle variation cohérente qui explore, avec intelligence et subtilité, une autre facette des dérives de nos sociétés libérales et de l’économie de marché. Il en tire une intrigue inattendue et assez originale tout en tissant en filigrane une nouvelle parabole. On regrettera hélas les longueurs qui alourdissent le rythme du récit…