Interview de Stéphane Guillard éditeur indépendant (arHsens édiTions) : ‘Il ne faut voir l’édition indépendante ni comme une planche de salut ni comme un pis aller »

Stéphane Guillard, a lancé, il y a 3 ans, sa maison d’édition (littérature générale), arHsens édiTions, avec son ami Nicolas Kulpa, après une expérience de journaliste et caressé un temps l’espoir de publier son propre roman. A travers 3 collections, il publie de jeunes talents dans des registres variés et contemporains. Il a accepté de nous raconter cette aventure dont il ne mesurait pas l’ampleur de la tâche ! Il nous présente sa ligne éditoriale, comment s’effectue la sélection des auteurs et analyse le rôle d’Internet et des blogs littéraires avant de livrer sa vision de l’édition indépendante : (photo ci-contre : Stéphane Guillard -à droite-, aux côtés de Nicolas Kulpa son associé)

Talent blog(-BD) : Le combat ordinaire de Pierrot

Nouveau repérage d’un blog de talent à découvrir, dans la catégorie blog-bd, ouvert depuis avril 2008. Entre Lewis Trondheim, Riad Sattouf et Larcenet, Pierrot est un jeune dessinateur travaillant en agence et vivant en coloc’, qui derrière ses airs de loser, de « tricard » et de « no-life » (c’est lui qui le dit !), porte un regard corrosif sur notre société moderne (facebook, les factures, la crise, les économies d’énergie…), n’hésitant pas à tourner en satire ou à détourner l’actualité politique et notre respecté gouvernement… Sans oublier une bonne dose d’autodérision !
Il pourrait être l’alter-ego au masculin de la célèbre Pénélope Jolicoeur (dont il est lecteur assidu !) dans un style plus engagé.
Recommandé par la blogueuse (et autre esclave du monde des agences de pub) Simone de Bougeoir (« parce que j’adore les personnages de losers sympathiques » dit-elle), ce qui n’est pas rien quand on connaît le cynisme de la dame !

24 secondes dans la vie de Stéphane Million, éditeur [BUZZ… littéraire Guest] #3

Dans le cadre de notre rubrique « BUZZ… littéraire Guest », notre invité Stéphane Million, jeune éditeur indépendant et fondateur de la revue littéraire « Bordel » vous donne rendez-vous mensuellement pour une tranche de vie express sur son nouveau métier et livre son regard de lecteur impénitent sur l’actualité littéraire.
Cette semaine, en cette rentrée littéraire de janvier 2009, il évoque notamment une jeune auteur, Barbara Israël, dont il publie le deuxième roman très rock « Miss Saturne » (après le remarqué « Pop Heart », qui vient de sortir en poche chez J’ai lu dans la collection « Nouvelle génération »), leur rencontre, leur collaboration et le travail sur la couverture (très graphique !).

Warm-up de Bénédicte Martin: Chattes sur toit brûlant (sortie poche)

« Warm-up » de Bénédicte Martin: il aura fallu attendre presque 5 ans pour que son fameux recueil de nouvelles sorte en poche (mai 2008), aux éditions Pocket ! L’occasion de découvrir enfin ce qui se cachait derrière sa « scandaleuse » petite culotte couverture remplacée ici par une silhouette de femme en ombre chinoise, qui laisse planer le mystère. En fait Bénédicte Martin avait inventé la microfiction bien avant Régis Jauffret ! Mais contrairement à ce dernier qui fait plutôt dans le noir charbon, la demoiselle préfère au contraire butiner le rose et le rouge. A travers 41 saynètes ou tranches de vie, cette admiratrice d’Anaïs Nin et de Colette nous offre un condensé d’hédonisme, d’insouciance effrontée et de féminité mutine et insolente. A lire comme on se parfumerait d’un flacon à la fois fruité et capiteux, mi-nymphe mi-satyre…

Loin d’être parfait d’Adrian Tomine : L’erreur est humaine

Avec Loin d’être parfait, Adrian Tomine, jeune prodige de la bande dessinée indépendante, figure dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2009 pour. Et contrairement aux personnages désoeuvrés qu’il met en scène, ce petit bijou de roman graphique frôle la perfection.

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La reine du best-seller à suspense, Mary Higgins Clark, analyse les raisons de son succès

A l’occasion de la sortie récente de son 40e roman (« Le mystère de Noël »), écrit à 4 mains avec sa fille (Carol), la sémillante Mary Higgins Clark, à qui l’on doit l’invention du « thriller rose » (à base de jeunes héroïnes belles et talentueuses, de crimes mystérieux et d’atmosphère angoissante) et qui a vendu plus de 300 millions de livres dans le monde (elle a reçu en 1980 le Grand Prix de Littérature policière pour « La Nuit du renard »), analyse les raisons de son succès. Cette veuve qui a publié son premier roman à 40 ans passés en écrivant entre 5 et 7 heures du matin avant de conduire ses enfants à l’école, a aujourd’hui 79 ans et toujours pas l’intention de lâcher le clavier !

L’ivresse de la solitude : regard sur quelques (plus ou moins) célèbres « no-lifes » littéraires : A rebours (Huysmans), Moon palace (Auster), La trilogie sale de la Havane (Guttierez)

« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. » Pascal, Les Pensées

Le hasard de mes lectures m’a conduit à lire simultanément trois romans (« A rebours » de JK Huysmans, « Moon palace » de Paul Auster et « La trilogie sale de la Havane » de Pedro Juan Guttierez) a priori sans rien de commun entre eux, tant par leur époque, leurs thèmes que leur contexte géographique. Et pourtant j’ai réalisé à leur lecture qu’ils étaient tous trois liés, en particulier les deux premiers par un thème central : celui de la solitude (induisant un ennui vertigineux) sous le signe de Pascal, pionnier des no-lifes littéraires :- ) Le qualificatif « no-life » est apparu avec le phénomène des joueurs de jeux vidéo compulsifs, si je ne me trompe pas. Au Japon (où ils sont particulièrement nombreux), on les appelle des « Otakus ». Autant dire qu’à l’époque d’un Huysmans on ne parlait pas en ces termes !
L’écrivain étant un animal solitaire (et tropical ajouterait Guttierez !), ce sentiment est donc assez récurrent en littérature, en particulier chez les romantiques, mais il m’a plus nettement frappée dans ces œuvres :

Régis Jauffret, François Bégaudeau, Olivier Adam, Catherine Cusset, Pierre Bordage… vous présentent leurs (anti-) voeux 2009

A la demande du magazine Télérama, une dizaine d’écrivains a imaginé une nouvelle ayant pour thème le passage de 2008 à 2009. Un exercice auquel ils se sont pliés avec originalité, chacun restant fidèle à son univers !

Le fond des forêts de David Mitchell : L’Initiation de Jason Taylor

Paru en 2009, Le fond des forêts, de David Mitchell est un récit initiatique qui tranche par sa forme intimiste à tendance autobiographique. « Nous devons tous un jour ou l’autre affronter nos démons, Taylor, et pour vous, ce jour est venu. » Le fond des forêts ne contient pas, à proprement parler, d’intrigue. David …

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« Miss.Tic, Femme de l’être » (Beau livre)

Pour cette nouvelle année 2009, nous vous souhaitons des histoires émouvantes, poignantes, envoûtantes… « à dormir debout ou à coucher dehors », comme le dit Miss.Tic à qui l’on emprunte sa plume en forme de bombe, à l’occasion de la sortie d’un beau livre qui lui est dédié : « Miss.Tic, Femme de l’être ».

« Joséphine » de P. Bagieu, « Seule en solo » d’Oxolaterre/S.Zuber, « Moi, je » A. Picault, « Péchés mignons » de M.Mazaurette/A. de Pins : les Bridget Jones version BD

Pas évident de s’attaquer au sujet ultra-rebattu de la célibataire trentenaire après le phénomène Bridget Jones (et ses épigones). Le thème est épuisé serait-on tenté de penser après les innombrables variations tant littéraires qu’audiovisuelles.

Et pourtant trois jeunes auteurs n’ont pas hésité à s’approprier cette désormais figure classique. Originalité c’est en version BD qu’elle se réinvente avec plus ou moins d’humour et de singularité. La célibattante, un sujet inépuisable ? (à noter également la sortie d’un nouvel opus d’Aurélia Aurita : « Je ne verrai pas Okinawa »)

Les livres issus du web continuent de fleurir… (Eric Chevillard, « Vie de merde »)

(mise à jour) La rentrée littéraire de septembre 2008 aura été riche en livres issus de blogs avec la parution (assez controversée) de « Brèves de blog : Le nouvel âge de la conversation » de Pierre Assouline, célèbre critique et blogueur littéraire ( La république des livres sur Lemonde.fr), anthologie des commentaires les plus érudits, virulents …

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Michel Houellebecq et moi : Histoire d’une rencontre littéraire (1)

A l’occasion de la sortie d’ « Ennemis publics », le livre de correspondance entre Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy, j’ai eu envie de revenir sur mon rapport personnel à l’œuvre de l’auteur des Particules élémentaires.

Loin des polémiques stériles ou des déclarations « clash », j’aimerais essayer d’expliquer pourquoi Michel Houellebecq fait partie de ces quelques auteurs (contemporains en tout cas) qui ont marqué mon « chemin » de lectrice. Avec le nombre de réactions/analyses suscitées à chacun de ses livres, on pourrait en écrire 10, du coup on ose pas forcément en rajouter une couche… Tant pis, je pollue quand même d’une cyber-page de plus l’océan des pages web déjà consacrées au plus célèbre touriste de Thaïlande…

Interview de William Réjault (Ron l’infirmier) « Quand le matériel de départ est bon, blog ou pas blog, le talent finit par être reconnu, sur du long terme. »

A l’instar du pionnier français « Max » (aujourd’hui disparu de la circulation ?), William Rejault alias Ron l’infirmier s’est fait connaître par son blog (lancé en 2004) dans lequel il racontait son quotidien d’infirmier sous forme d’anecdotes et de tranches de vie bien senties et parfois émouvantes. Une sorte de série « Urgences » façon blog. Très vite le succès est au rendez-vous: sa verve et la justesse de son regard sont plébiscitées par des internautes chaque jour plus nombreux, alimentant le bouche à oreille autour du jeune auteur. Contacté par les éditions Privé, il accède au sésame de la publication papier qui fait tant rêver, en 2006, suivi aujourd’hui d’une sortie poche (revue et corrigée) de ce premier recueil de nouvelles aux éditions J’ai lu, tout en sortant en parallèle une « saison 2 » intitulée « Quel beau métier vous faites ! ». Il a accepté de revenir sur toute cette aventure, ses déboires et ses joies, et de nous livrer son regard sur l’essor des livres issus de blogs (blog-book : « blook » selon le terme anglais) :

« Chômeurs academy » de Joachim Zelter : Le meilleur des mondes… sans chômeurs (ces horribles bestioles !)

Non ce n’est pas le nouveau programme lancé par TF1 et ici on ne formate pas de futures stars des charts mais l’on « redresse » du chômeur en bonne et due forme (toute ressemblance avec des faits existants…) ! Le chômeur, cet horrible parasite, qu’il faut à tout prix éradiquer de nos sociétés capitalistes. C’est en tout cas l’objectif de Sphericon, ce centre de formation au service des « jobs centers » (l’équivalent de nos ANPE) dans cette ville futuriste en 2016 qu’a imaginé l’allemand Joachim Zelter. Péchant un peu par son manichéisme et sa caricature, l’auteur perclu de cynisme libéral n’en trace pas moins un portrait au vitriol de nos sociétés obsédées par la performance, la « valeur travail » et le formatage des individus jusqu’au vertige existentiel. Un récit d’anticipation glacial qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher de 1984 pour le « novlangue » corporate créé par ses dirigeants ou encore du Meilleur des mondes pour l’eugénisme social. Extraits choisis :

24 secondes dans la vie de Stéphane Million, éditeur [BUZZ… littéraire Guest] #2

Dans le cadre de notre rubrique « BUZZ… littéraire Guest », notre invité Stéphane Million, jeune éditeur indépendant et fondateur de la revue littéraire « Bordel » vous donne rendez-vous mensuellement pour une tranche de vie express sur son nouveau métier et livre son regard de lecteur impénitent sur l’actualité littéraire.
Cette semaine il se prépare aux fêtes de Noël et jette un œil rétrospectif aux prix littéraires qui ont plu ces dernières semaines…

Les accommodements raisonnables : Jean-Paul Dubois retrouve le souffle d' »Une vie française » (chronique comparée)

Après « Hommes entre eux », relatif à l’étrangeté et « …Monsieur Tanher », roman plutôt comique, -qui m’avait laissée sur ma faim-, Jean-Paul Dubois retrouve avec Les accommodements raisonnablesun souffle romanesque virevoltant digne de son roman de 2004, le sus-nommé « Une Vie française ». Jean-Paul Dubois a écrit et déployé le grand roman que nous attendions. Et son accueil par la critique fut fort bienveillant. Frédéric Beigbeder nous avait prévenu dans sa chronique Lire d’août dernier en nous disant, que le nouveau roman de JP Dubois lui avait permis de « retrouver avec jubilation la mélancolie ordinaire de l’auteur »

« Transformer la France en un pays de bouquineurs » (Alexandre Jardin)

A l’occasion de son départ de l’association « Lire et faire Lire » (dont le principe consiste à envoyer des retraités dans les écoles lire des histoires aux enfants) et qui touche aujourd’hui 250.000 enfants environ, via 12 à 13 000 bénévoles, l’écrivain Alexandre Jardin, son fondateur depuis 1999 (avec Pascal Guénée), s’exprime sur ses objectifs qu’il …

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Cormac McCarthy et Dostoïevski vus par Jérôme Attal

Dans son (toujours aussi) passionnant journal en ligne, l’écrivain et musicien Jérôme Attal (qui vient de publier « Le garçon qui dessinait des soleils noirs » aux éditions Stéphane Million) confie ses impressions de lecture sur le dernier roman apocalyptique, « La route », du géant des lettres américaines, Cormac McCarthy, prix Pulitzer 2007 et acclamé de toute part. Il tisse un parallèle avec la situation actuelle au Congo et Dostoïevski :

Salon de l’édition indépendante « L’autre livre » : interview de Francis Combes, son président, « Préserver la bibliodiversité française »

« L’autre livre » organise le 6ème Salon de l’édition indépendante du 28 au 30 novembre 2008 de 11h à 20h à l’Espace des Blancs Manteaux, 48 r vieille du Temple, PARIS 4ème. Ce salon permet de découvrir la production littéraire de 165 éditeurs français ou étrangers revendiquant leur « bibliodiversité ». Intrigués par ce concept, nous avons voulu en savoir plus avec Francis Combes, son président qui a bien voulu nous éclairer sur la situation et les spécificités de l’édition indépendante en France.