Littérature américaine

« Confession inachevée » (« My story ») de Marilyn Monroe (avec Ben Hecht) : Auto-portrait subjectif de Norma à Marilyn… et d’Hollywood

« Confession inachevée » (« My story ») de Marilyn Monroe (avec Ben Hecht), réimprimé aux U.S en 2000 après une première publication en 1974 (traduit en 2011 en France), le livre court de son enfance dans les années 30 (née en 1926) jusqu’au moment de son show devant les soldats sur le front de la guerre coréenne en 1954. Année également de ses mémoires, rédigées par le scénariste Ben Hecht pour mettre fin aux potins des feuilles à scandale notamment. Elle est alors une star montante, après avoir notamment tourné « Gentlemen Prefer Blondes » (« Les hommes préfèrent les blondes »), « How to Marry a Millionaire » et « Niagara » en 1953. On avait découvert la sensibilité de sa voix à travers la publication de ses écrits intimes en 2010 (« Fragments »), dont on retrouve la force et la justesse frappantes ici. Arthur Miller la définissait comme « portée par une sensibilité lyrique et poétique que peu de gens parviennent à conserver au-delà du début de l’adolescence« . Au milieu de bon nombre de phrases devenues anthologiques, elle dessine autant son auto-portrait que celui d’une époque et du milieu du showbiz. On croyait tout savoir de Marilyn, mais en fait non !

« Valley of the Dolls » de Jacqueline Susann : « It’s a brutal climb to reach that peak (…) You never knew what was really up there… »

C’est en 1966 que Jacqueline Susann publie Valley of the Dolls (« La Vallée des poupées »), qui deviendra un best-seller record vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires. En 1967, « La vallée des poupées » est adaptée dans un film éponyme où Susann y fait une brève apparition. Abordant notamment les thèmes de la drogue ou de l’homosexualité, le roman déchaîne les critiques…

Le magicien d’Oz (« The Wonderful Wizard of Oz ») de L. Frank Baum : derrière le conte, l’histoire de l’Amérique et de ses pionniers (2/2)

Deuxième partie de l’analyse du livre Le magicien d’Oz : les thèmes de la survie alimentaire, de l’auto-suffisance, de la subsistance, de l’escalvage, de la civilisation, la dichotomie du bien et du mal, le pouvoir de l’illusion, l’humour de Baum, etc.

Total recall (Souvenirs à vendre) de Philip K.Dick, « Moins nous tripatouillerons dans sa tête, mieux je me porterai. »

Total recall (Souvenirs à vendre) de Philip K.Dick: outre sa quarantaine de romans, Philip K Dick a écrit environ 121 nouvelles au cours de sa prolifique vie d’écrivain. « We can remember for you Wholesale » (rebaptisé « Total recall ») arrive en milieu de carrière, en 1966, initialement publiée dans « The Magazine of Fantasy & Science Fiction ». Cette nouvelle a été réunie dans un recueil en poche chez Folio Bilingue avec « Minority report ». Dans cette courte nouvelle, Philip K. Dick explore encore une fois la frontière floue et mouvante entre réalité et illusion, vérité et mensonge en choisissant cette-fois comme angle de perception : la mémoire.

« Le couperet » de Donald Westlake : « Les PDG et les actionnaires sont l’ennemi mais ils ne sont pas le problème. »

« Le couperet », 27e roman de Donald Westlake, prolifique maître du roman noir occupe aussi une place à part dans sa bibliographie. En s’attaquant au problème du chômagedans l’Amérique des années 90, la critique sociale d’un monde tourné uniquement vers le profit domine.

« La cloche de détresse » (« La cloche de verre ») de Sylvia Plath: « Le monde, ce mauvais rêve… »

« La cloche de détresse » de Sylvia Plath retraduit sous « La cloche de verre » (également titre d’un roman d’Anaïs Nin). Roman initiatique, de la fin d’adolescence et de la difficulté à faire des choix sur son avenir mais encore roman sur la condition féminine sur fond d’Amérique d’Eisenhower (baignant dans l’atmosphère trouble des premiers temps du maccarthysme), la condition et la vocation d’artiste, de poète et surtout sur le vertige du vide, de la confusion, la folie, la dépression, le suicide…

« Le monde selon Garp » de John Irving: C’est l’histoire d’un story-teller…

« Le monde selon Garp » de John Irving, publié en 1978 en France, lauréat du National Book Award après trois premiers romans passés relativement inaperçus, révéla son auteur au grand public et inaugura une série de best-sellers (« L’Hôtel New-Hampshire », « L’œuvre de Dieu, la part du Diable » ou encore « Un prière pour Owen »). Dans ce roman culte des années 80, le célèbre story-teller, grand lecteur de Dickens passé par les cours de creative writing de l’Iowa, pose les jalons de ce qui fera son succès : des romans tragicomiques foisonnants sur plusieurs décennies, où le loufoque côtoie l’introspection et les réflexions de société, et où s’enchaînent les péripéties rocambolesques…

La Brève et Merveilleuse Vie d’Oscar Wao de Junot Díaz :  » (…) je ne crois pas aux malédictions. Je crois que seule la vie existe. »

Paru en 2008, « La Brève et Merveilleuse Vie d’Oscar Wao » le premier roman de Junot Diaz, écrivain dominico-américain, né en 1968 (par ailleurs prof de creative writing à New-York), après un recueil remarqué de nouvelles « Los boys » publié en 1996, a connu un buzz retentissant tant côté lecteurs que médias. On acclame sa « prose bouillonnante épique et hilarante » sa « tchache débridée qui met le feu à la langue » ou encore son « explosion verbale étourdissante ». Lauréat du National Book Critics Circle Award et du prix Pulitzer, tout juste sorti en poche chez 10/18, ce roman foisonnant mêle plus ou moins habilement récit intimiste et satire politique…

« La Vie est belle malgré tout » de Seth

« La Vie est belle malgré tout » de Seth, auteur emblématique du graphic novel indépendant américain aux côtés de ses collègues et amis Joe Matt (qui l’a d’ailleurs mis en scène dans d’hilarantes scènes de collectionnite régressive aigue dans « Strip-tease »), Chester Brown, Chris Ware (l’un de ses maîtres), Adrian Tomine et Charles Burns. Ce canadien, illustrateur du « New Yorker » et du « Washington Post », développe une œuvre autofictionnelle et introspective.

La route de Cormac McCarthy, « Marchant sur le monde mort comme des rats tournant sur une roue »

« La route » de Cormac McCarthy lui a valu le prix Pulitzer 2007. Estampillé officiellement « Géant des lettres américaines » (aux côtés des Norman Mailer, Philipe Roth, Don DeLillo et autre Thomas Pynchon…), et McCarthy est renommé pour ses romans à la métaphysique âpre et sombre sur une humanité maudite, vouée à l’errance et à l’exil. Un auteur tellement encensé que l’on ose plus vraiment formuler de critiques autres que laudatives… Un petit tour des blogs nous donne déjà un aperçu des louanges chantées sur tous les tons de son dernier roman : « une fable biblique et brûlante qui vous dévaste » (plus glaçante que brûlante d’ailleurs au passage !), « la chronique extrêmement poignante d’un après pulvérisé et sauvage », « ce lent et inéluctable naufrage, d’une froideur absolue, totalement dédramatisé », « un récit crépusculaire impressionnant de justesse », « une expérience terrifiante, époustouflante, foudroyante, hors du commun…

Les tribulations d’un précaire d’Iain Levison : « Et les mouettes, elles bronchent pas, elles encaissent »

Remarqué par son premier roman « Un petit boulot », un récit mordant, drôle et bien mené, Iain Levison, romancier américain, né en Ecosse, publiait en 2007 une variation sur le même thème : le récit de la multitude de petits jobs qu’il a dû effectuer pour survivre. Cet habitué de l’élastique social qui a connu aussi bien « les taudis écossais » que « les plus riches quartiers américains » retrace ici son parcours de travailleur itinérant… Après les Intellectuels précaires, les mcjobs de la génération X ou des jeunes diplômés (« Le petit grain de café », « On vous rappellera », « Dans la vraie vie », « Les tribulations d’une caissière« , la BD « Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause ! ou comment j’ai cru devenir libraire« ), il nous livre sa vision (se voulant) caustique et un brin désabusée du monde du travail et du déclassement. Malheureusement répétitive et pesante…

« American Psycho » de Bret Easton Ellis, Le mausolée des vanités : « I feel like shit but I look great » (1/2)

Lorsque j’ai relu « American Psycho » de Bret Easton Ellis pour le chroniquer (le disséquer, terme plus approprié !), j’ai été frappée par quelque chose qui m’avait un peu échappé à la première lecture ou du moins dont je n’avais pas réellement le souvenir (peut-être parce que c’est aussi souvent occulté). Ce quelque chose c’est l’humour omniprésent de ce roman. Oui, « American Psycho » de Bret Easton Ellis est un roman drôle. Vraiment. Un humour certes cynique, noir, trash, à prendre au énième degré, mais qui n’en reste pas moins hilarant la plupart du temps

« Tendre est la nuit » de Francis Scott Fitzgerald, l’envers du décor sous le soleil de la Riviera

Tendre est la nuit de Fitzgerald, deuxième grand roman qui domine son oeuvre (dont le superbe titre est un hommage à un poème de Keats, « Ode à un rossignol », en exergue du roman), suit de près l’écriture et la publication de « Gastby le Magnifique ». Les ventes de ce dernier ayant été décevantes (25 000 exemplaires en un an), l’écrivain avait décidé de travailler sans attendre à un nouveau roman. La première esquisse date de l’été 1925 mais ce n’est qu’en 1934 qu’il put l’achever en raison de nombreux évènements plus ou moins tragiques qui jalonnèrent cette période et qui vont influencer son inspiration : son séjour à Hollywood en tant que scénariste…

Women de Charles Bukowski : L’aura aphrodisiaque de l’écrivain

Women de Charles Bukowski: carnet de bord anatomico-sexuel de ses conquêtes réelles ou fantasmées. « La Vie amoureuse d’une hyène » comme il la surnomme. Ses « coups » bons (« juteux » selon son expression) ou pathétiques qui s’enchaînent sur près de 400 pages, presque plus vite que l’auteur n’a le temps de remonter son caleçon entre une Mindy ou une Debra… Il fallait oser les aligner en série et les étudier comme on ferait un rapport clinique en livrant les détails les plus bruts et crus de ses « baises » qui ont lieu le plus souvent sans préliminaires (de galanterie ou toute autre précaution préalable…).

Festival America : Rencontre avec la nouvelle génération littéraire américaine

La littérature mondiale contemporaine nourrit un complexe d’infériorité à l’égard de la littérature américaine qui serait la seule encore capable d’innover, d’imaginer ou de raconter des histoires dignes de ce nom… Qu’il s’agisse d’un fantasme ou d’une réalité, le traditionnel salon du livre ne suffisait en tout cas plus à présenter sa richesse et à satisfaire les inconditionnels. Depuis 2002, existe donc un « Festical America » qui lui est entièrement dédié ! Une excellente initiative qui permet de rencontrer des « stars » de la scène littéraire contemporaine Outre-Atlantique et de s’imprégner le temps d’un week-end de l’énergie et de l’ébullition de ces écrivains aux personnalités et univers très variés. A l’honneur cette année : les secrets de famille (avec des auteurs comme Daniel Wallace ou Lee Gowan…) la relation aux père et à la mère (avec Eddy Harris ou encore Richard McCann…), le poids de l’histoire (avec en principe Jonhatan Safran Foer…), la féminité avec Mélissa Bank ou encore l’adolescence avec Benjamin Kunkel… L’occasion aussi de découvrir les nouvelles voix canadiennes. Nous sommes allés faire un petit tour :

Le démon d’Hubert Selby Jr, Harry un ami qui vous veut du mal… malgré lui

Le démon d’Hubert Selby Jr, publié en 1976, ce troisième roman (après Last Exit to Brooklyn et La Geôle) de l’écrivain culte de la génération beat américaine, est souvent considéré comme son chef d’œuvre absolu. Bien différent de l’univers sordide habituel de ses écrits, il a choisi dans ce roman de mettre en scène un jeune yuppie, un jeune cadre dynamique, dont seul le prénom résonne comme un signe de mauvaise augure, Harry (prénom que l’auteur reprend systématiquement de roman en roman pour incarner son héros souvent condamné d’avance…

« Last exit to Brooklyn » d’Hubert Selby Jr : Bienvenue dans les bas-fonds de l’âme humaine…

Ecrit en 7 ans, Last Exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr paru en 1964, est un premier roman sorti du « bas-ventre de New York », « un boulet de charbon rougeoyant arraché à l’enfer de l’âme humaine » qui lui a valu, dès sa sortie d’être comparé à Céline. Dans ce recueil de six nouvelles, Selby raconte non pas le rêve américain rose et clinquant mais la réalité des quartiers sordides où les déshérités tentent de trouver une issue de secours, une « exit », à l’impasse de leur vie. Et pour cela tous les coups sont permis. Une exploration sans fards de l’âme humaine en perdition et de sa duplicité, servie par une écriture sèche et désespérée d’une rare puissance.

« Douze » de Nick Mcdonell : Génération « Upper East side » en perdition…

Phénomène littéraire de l’année 2002 aux Etats-Unis, traduit dans plusieurs dizaines de langues Nick McDonnel était alors un étudiant à Harvard d’à peine 17 ans (fils du directeur de Sport Illustrated, premier magazine de sport américain) quand il publie Douze, son premier roman – qu’il aurait écrit d’une traite- sur la jeunesse new-yorkaise huppée de Manhattan. Aussi droguée que désœuvrée et sexuellement obsédée… Un roman choral à la violence sourde et au désespoir argenté, salué par des noms aussi prestigieux que Joan Didion, Richard Price et Hunter S. Thompson, Immédiatement comparé à Bret Easton Ellis, l’auteur de Moins que zéro ou encore des Lois de l’attraction tant pour son univers que pour son écriture « behavioriste », l’écrivain parvient néanmoins à installer son propre ton même s’il use de tous les codes du genre désormais quelque peu usés jusqu’à la corde…